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Rapport national Activité A1.3 Sénégal

Analyse des impacts de la pêche migrante en Afrique de l’Ouest


Analyse des impacts des filières migrantes sénégalaises de petits pélagiques en Afrique de l’Ouest


L’exploitation des ressources halieutiques dans les eaux sénégalaises est le fait de pêcheries artisanales, semi-industrielles et industrielles. La pêche artisanale est pratiquée par plusieurs communautés de pêcheurs utilisant plus d’une vingtaine de techniques de pêche. La flottille artisanale sénégalaise, exclusivité des pêcheurs nationaux, est de 12 400 pirogues en 2018 motorisées à hauteur de 79%. La pêche semi-industrielle est limitée à la seule composante sardinière limitée en 2018 à 5 unités. La flottille industrielle chalutière nationale est de 104 navires en 2018 contre 15 bateaux pour l’armement thonier. La pêche industrielle étrangère est composée en 2018 de 3 chalutiers merlutiers et 16 thoniers.

La production de la pêche au Sénégal est de 537 000 tonnes en 2018 dont 56 % de petits pélagiques côtiers. Les poissons démersaux représentent 25 % des débarquements totaux contre 8% pour les céphalopodes. Les grands pélagiques et les crustacés sont d’importance relative égale en termes de débarquements.

Trois principales filières de pélagiques côtiers migrantes sénégalaises ont été identifiées dont deux en Mauritanie et une en Gambie. En Mauritanie, une filière de petits pélagiques approvisionne les marchés sénégalais et mauritanien pour la consommation locale tandis qu’une autre filière fournit quasi exclusivement de la matière première à l’industrie locale de farine de poisson.

En termes de zones géographiques, les opérations de pêche en Mauritanie sont conduites exclusivement en milieu marin contrairement en Gambie où la pêche de ces espèces est aussi pratiquée en milieu estuarien. Aussi bien en Mauritanie qu’en Gambie, les activités de pêche s’étalent quasiment sur toute l’année avec un fléchissement pendant la saison des pluies.

Sur la période 2014-2018, en moyenne près de 90 000 tonnes de pélagiques côtiers sont prélevées annuellement des eaux mauritaniennes par les artisans senneurs sénégalais correspondant à une valeur commerciale au débarquement de l’ordre de 13,7 millions d’Euros. La pêche migrante sénégalaise opérant dans la ZEE gambienne a débarqué en 2018 près de 41 250 tonnes de pélagiques pour une valeur commerciale de 8.3 millions d’euros). Les débarquements moyens annuels de la pêche artisanale côtière (PAC) à Nouadhibou sur la période 2015-2018 sont estimés à 526 326. La pêche artisanale sénégalaise assure 30 % de ces débarquements soit 150 000 tonnes pour des valeurs marchandes moyennes de l’ordre de 2,75 millions d’Euros.

La pêche migrante de pélagiques côtiers ne concerne qu’un seul type, la senne tournante. Au total, 300 licences de pêche à la senne tournante sont livrées annuellement par la Mauritanie. En Gambie, 120 unités de pêche migrante sénégalaise à la senne tournante ont été dénombrées en 2018. Dans le cadre de l’affrètement, de 350 unités de pêche en 2016, seules 30 unités sénégalaises étaient opérationnelles en 2019, évolution liée à l’option d’une pêche côtière émergente d’origine turque (214 bateaux en 2018) destinée exclusivement à l’approvisionnement de l’industrie de farine de poisson.

Il est fait obligation des unités de pêche sénégalaises bénéficiaires de licences de pêche de débarquer au moins 15% de leurs captures dans les ports mauritaniens pour contribuer à l’approvisionnement des populations locales. Les 85% restant sont débarqués à Saint-Louis et font l’objet de mareyage et de transformation artisanale. Les petits pélagiques côtiers débarqués en Gambie sont de divers usages dont une distribution en frais sur le marché national, une transformation artisanale, un fumage industriel et une transformation en farine de poisson. Par contre en Mauritanie, la production de pélagiques côtiers par la pêche migrante sénégalaise dans le cadre de l’affrètement est destinée à l’industrie de farine de poisson.

Relativement à la transformation artisanale des pélagiques côtiers, les produits phares en Gambie et au Sénégal sont le kéthiakh et le tambadiang. En Mauritanie, l’activité reste peu développée en raison d’un faible savoir-faire des acteurs locaux, du manque de bois nécessaire au fumage du poisson et des débouchés commerciaux très limités. Dans les différents pays, l’industrie de farine de poisson utilise toutes les espèces de pélagiques débarquées quel que soient leur taille ou leur état de fraicheur.

Les débarquements des sennes tournantes impliquées dans la filière migrante sous licence effectués à Saint-Louis sont mareyés ou transformés artisanalement et destinés principalement à la consommation nationale. Environ 60% du poisson débarqué en Gambie est commercialisé en l’état frais vers les marchés urbains et ruraux. Les produits de la transformation artisanale sont consommés localement et une partie faite l’objet d’une exportation vers les pays de la sous-région ouest africaine. La farine de poisson produite est essentiellement destinée aux marchés européen et asiatique.

En Mauritanie, l’accès aux ressources pour les pêcheurs migrants est assujetti à l’obtention d’une licence de pêche. En Gambie par contre, les pêcheries sont d’accès libre.

Dans l’objectif d’une pêche responsable, le cadre règlementaire régissant l’exercice de la pêche de petits pélagiques dans chacun des pays prévoit plusieurs types de mesures destinées à minimiser l’impact de la pêche sur les espèces exploitées ainsi que les interactions entre les différents types d’embarcations. Pour gérer durablement les petits pélagiques côtiers, l’approche « plan d’aménagement » est adoptée en Mauritanie et au Sénégal. Les organisations socio-professionnelles de la pêche ont aussi institué dans leurs pays respectifs des initiatives locales de gestion de leurs pêcheries de pélagiques côtiers.

Les pêcheries migrantes sont sources de conflits économiques et sociaux entre communautés autochtones et allochtones (régulation des capacités de pêche, performances technologiques).

Aussi bien en Mauritanie qu’en Gambie, les petits pélagiques côtiers constituent la source de protéines animales la plus accessible aux populations locales à faible pouvoir. La pêche migrante a aussi favorisé l’émergence de l’industrie de farine de poisson en Mauritanie et en Gambie. Elle est source d’emplois et de moyens d’existence pour les communautés locales (pêcheurs, travailleurs des industries de farine de poisson, mareyeurs, transformateurs artisanaux).

Les pêcheurs migrants sénégalais ont introduit la senne tournante dans les pêcheries artisanales mauritaniennes et gambiennes et leurs épouses ont fait adopter le four de fumage du poisson en Gambie. Les pêcheurs migrants ont beaucoup amélioré les capacités de navigation maritime dans les centres d’accueil et formé du personnel local dans la construction des pirogues et la réparation du moteur hors-bord. Toutes activités sont source de flux monétaires pour les économies locales.

L’implication actuelle des pêcheurs migrants sénégalais dans le processus de gestion des ressources en pélagiques côtiers présente une double portée, une plus grande intégration sociale et une participation à l’élaboration et à l’appropriation des mesures de gestion.

Une baisse généralisée des potentiels halieutiques des principales espèces de pélagiques côtiers est mise en exergue par la FAO. Cet état de fait ne relève pas des seules pêcheries artisanales sénégalaises migrantes. En Gambie, l’accès aux ressources halieutiques est libre et d’autres communautés étrangères sont actives dans les pêcheries de pélagiques côtiers. En Mauritanie, on enregistre une pêche côtière et une pêche industrielle très dynamiques ciblant les pélagiques côtiers. En plus, la forte compétition entre les différents usages des espèces de pélagiques côtiers contribue à une expansion de l’effort de pêche dans les différentes pêcheries.

Toute forme d’exploitation et de valorisation des petits pélagiques doit être conforme aux objectifs de préservation de la ressource, de la durabilité des pêcheries et d’une meilleure intégration des activités du secteur à l’économie nationale en référence aux différents cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté.


Pour plus d'informations à ce sujet, merci de contacter info@greppao.com ou bara.deme@port.ac.uk

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